Attirés par la soif vers le même ruisseau.
Certain jour, le Loup et l'Agneau
Se rencontrèrent au rivage.
L'Agneau respectueux ne puisait son breuvage
Que fort au-dessous du brigand.
Celui-ci , de rage écumant,
A son faible voisin soudain cherche querelle :
« Pourquoi troubler, dit-il, la liqueur que je bois ? »
L'Agneau répond, d'une tremblante voix,
« Le puis-je, seigneur? L'eau de vous à moi ruisselle. »
A cela que répondre ? Il poursuivit ainsi :
» Tu m'as calomnié cette automne dernière. »
— « Eh! comment l'aurais-je pu faire,
« Quand je ne vois le jour que de ce printemps-ci? »
— « Ce n'est pas toi ? c'est donc ton père ? »
Cela dit, il l'immole à sa faim meurtrière.
Vous reconnaîtrez là le coupable puissant,
Qui, sous un faux prétexte, opprime l'innocent.